19_01_DSA

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restauration et réhabilitation du domaine de la maison-atelier Stahly 1966-1970
crestet, vaucluse (84)
inscrit MH ; classé MH (2022) ; label patrimoine architecture du 20e siècle ; domaine boisé protection ZNIEFF
maison-atelier 600 m² (restauration mh), restaurant 130 m² (réhabilitation, extension), maison gardien 220 m² (réhabilitation)
ensa paris-belleville, en partenariat avec le CNAP
soutenance de mémoire 2019 – diplôme DSA architecture et patrimoine – études, projet non réalisé

Genèse du projet d’origine
C’est en 1966 que Claude, relieuse d’art et créatrice de tentures, et François Stahly, sculpteur reconnu internationalement, décident d’établir une grande maison atelier dans le Vaucluse, sur les pentes des dentelles de Montmirail. Le terrain choisi est un site forestier de 7 hectares de chênes et de pins, situé à l’écart du village du Crestet, au-dessus de Vaison-la-Romaine.
Dessiné par Bruno Stahly, architecte et fils de deux artistes, l’édifice est placé sur les hauteurs du domaine, sur un promontoire face au parc naturel régional de la Baronnie Provençale. Isolé, à l’image d’un monastère, le bâtiment s’implante au milieu des pentes boisées face au grand paysage et se confronte au climat aride de la région par de grandes façades délibérément modernes et massives, balayées au nord par le mistral. De grandes toitures terrasses, en gradins, s’élèvent à contre-pied du relief naturel pour révéler le paysage et offrir une séquence d’entrée spectaculaire par les toits. Introverti, l’espace intérieur s’articule autour de deux patios, sources principales de lumière naturelle, et se préserve de l’immensité du paysage alentour. Ponctuellement, de fines baies verticales traversant l’épaisse muraille laissent apercevoir l’extérieur.

Temporalités du domaine depuis les années 70
Occupée par la famille durant quelques années, la maison y voit naître d’importantes œuvres de François Stahly. En contre-bas de la maison, sur les dalles de béton de l’atelier extérieur, il réalise notamment durant les années 70 « Le jardin labyrinthique », une structure en bois de teck pour l’Empire State Plaza du New-York Capitol.
La maison devient également un lieu pédagogique, accueillant de nombreuses rencontres et manifestations artistiques. Souhaitant créer un lien étroit entre la maison atelier et son domaine forestier, François Stahly met l’ensemble du site au profit de la création collective. Un réseau complexe de sentiers, de parcours, de lieux de silence et de méditation sont créés, le tout ponctué de sculptures in-situ.
Dans les années 80, la famille se sépare à contrecœur du domaine. Celui-ci devient propriété du Centre National des Arts Plastiques, et rapidement un centre d’art contemporain ouvre ses portes. L’ambition de la maison atelier est conservée, le centre accueille artistes en résidence, expositions, colloques et projets pédagogiques scolaires. Le domaine rayonne. La valeur de l’édifice est reconnue, il est inscrit au titre des monuments historiques en 1988 et obtient le label patrimoine du XXe siècle en 2001. Mais soudainement deux ans plus tard, alors en pleine saison touristique, le centre d’art ferme pour liquidation judiciaire. Abandonné depuis, seul un gardien occupe la maison atelier et surveille le domaine.

Etudes et constat d’état des lieux
Proposé comme sujet d’étude par le Centre National des Arts Plastiques, dans le cadre du diplôme de spécialisation et d’approfondissement en architecture et patrimoine à l’ensa paris-belleville ; et intrigués par le lieu et son histoire, nous avons souhaité avec Rémi Moustard (architecte-artiste) en faire notre sujet d’étude.
Nous avons découvert et arpenté le site en juillet 2018. La maison atelier est relativement en bon état, peu de modifications ont été apportées et la majorité des matériaux sont d’origine, mais son cheminement d’accès par les toits n’est plus compréhensible. Les édifices satellites, construits dans les années 70 afin de répondre aux besoins d’exploitation tels que la maison-citerne (habitation initiale du gardien du domaine) et les pavillons perchés (chambres destinées aux résidences d’artistes), sont en friches. L’ensemble du domaine forestier n’est plus entretenu : le réseau de chemin forestier est illisible, certaines œuvres artistiques disparaissent sous la végétation, d’autres sont au sol ou manquantes. Le dialogue avec le grand paysage semble lissé, les points de vue sur la vallée ne sont plus perceptibles.
Au travers d’une méthodologie quasi archéologique nous avons mené différentes études afin de comprendre le lieu et ses enjeux : études sensible et paysagère, relevé complet de l’existant, arpentage de la forêt, études des archives et analyse historique, interviews, étude archéologique du bâti, diagnostics structurel, pathologiques et patrimonial, ou encore études programmatiques.

Nouveau projet à l’échelle du domaine forestier
Une fois les potentialités existantes identifiées, des édifices comme du site, notre projet privilégie leur valorisation en proposant des programmes s’adaptant aux lieux, et non l’inverse.
Après l’étude de plusieurs scenarii, nous proposons la réhabilitation complète du domaine pour la réouverture d’une Fondation Stahly, accueillant expositions et manifestations contemporaines ainsi qu’une rétrospective de la famille et du lieu.
Chaque entité du site est réparée. De délicates interventions dans la maison atelier permettent un parcours visiteur au plus proche du cheminement d’accès d’origine par les toits ; la maison citerne retrouve sa fonction initiale de maison de gardien et devient support de locaux destinés à la gestion d’entretien du domaine ; les pavillons isolés sont exploités pour leur potentiel de belvédère ouvert sur le grand paysage et permettent l’insertion d’un restaurant, lieu de pause, à l’image des temps de méditation ponctuant les sentiers forestiers.
Au travers de nos études et de notre proposition de projet, nous avons souhaité mettre en évidence le caractère exceptionnel du lieu, tant par son architecture et sa mémoire du lieu, que par son approche sensible et maîtrisée du grand paysage. Exploitant de nombreuses pistes d’études regroupées dans un mémoire, nous souhaitions en faire un document d’archive complet au service du renouveau de la maison-atelier et de son domaine forestier.